La politique n'est pas un jeu à somme nulle!

Le citoyen : un acteur politique qui s'ignore ? 

Pourquoi une réflexion sur la politique? D'abord parce qu'elle englobe la totalité des sphères de  la vie en société et traite même de la nature, de l'organisation de cette société, elle  (la politique) est par excellence le moyen de production du bien être collectif. On comprend aisément pourquoi les débats politiques oscillent entre rationalité, radicalisme,  passion et fanatisme. En plus de cela, dans une République, tout citoyen a une opinion politique (assumée ou non). En termes simples, le citoyen qui discute par exemple du prix du pain ou du tarif des transports entre amis autour d'un verre de bière  dans un bar un soir pose déjà consciemment ou non un problème éminemment  politique. Oui! Les  problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques et les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde. "J'ai vu que dans un État tout est radicalement lié à la politique(...)" écrit Montesquieu dans L'Esprit des Lois. Tenez! Le citoyen qui dit qu'il ne fait pas de polique est précisément dans une erreur de posture car il affirme implicitement ne pas avoir un jugement sur la vie publique de son pays. Peut-on vivre dans un État sans avoir des convictions politiques, une opinion,  un jugement sur la conduite des affaires dans cet État? Selon Aristote, "l'homme est un animal politique" c'est-à-dire un être pré disposé à la vie en société. Vivre en société n'est-ce pas participer à la vie du corps social? Peut-on participer à l'animation du corps social sans choisir en amont le sens de son action? L'usage du mot politique est fréquent, voire abusif et maladroit. La politique qu'est-ce exactement? Simplement on dira que la politique est l'art de gérer  ("gouverner") la cité. C'est la définition que donne Platon dans le Livre VII de La République. À cette définition on peut ajouter que la politique est un champ social d'échange d'idées (de débat) sur les questions d'intérêt commun.

La politique: un jeu à somme nulle?

Les jeux à somme nulle sont une des hypothèses classiques de la théorie des jeux fondée par John Von Neumann et Oskar Morgenstern. Cette théorie étudie les rapports entre les agents économiques et, plus généralement, les rapports existants entre les membres d’un corps social. Elle présuppose que les projets, les objectifs et les décisions d’un joueur (un membre de la Société) ont toujours un impact, même involontaire, sur son ou ses partenaires. En retour, ils ont nécessairement un effet sur lui. La caractéristique des « jeux à somme nulle » est que les gains des uns sont les pertes des autres, donc la sommation des résultats obtenus par les joueurs est « zéro » (« somme nulle »).
Le jeu de société le plus représentatif est le poker. Dans une partie de Poker, chacun part avec un pécule et vise à gagner la mise le plus souvent possible. À la fin de la partie, ceux qui ont accru leur pécule l’ont fait exactement au détriment de ceux qui ont perdu. Les joueurs d’une partie de poker sont engagés dans une stratégie « à somme nulle » et prendront leurs décisions en tenant compte de ce principe.
Dans la vie de tous les jours la  formule plaît, car elle se présente comme une sorte de «lapalissade»  qui se dit ainsi « Tout le monde ne peut pas gagner. Il faut qu’il y ait des perdants. Ce que les uns ont gagné, c’est ce que les autres ont perdu. ». C’est une définition intuitive des rapports marchands ! La formule plaît et elle est beaucoup utilisée… mais, dans l’esprit des gens, sa perception n’est pas positive. Une opération ou une situation qui apparaîtraient comme « des jeux à somme nulle » laisserait l’idée qu’il n’y a pas eu de progrès réalisé.
En matière de bourse, si on retenait l’hypothèse que les volumes d’actions sont inchangés et que les conditions de l’échange sont intangibles, les achats et les ventes de valeurs mobilières seraient de parfaits jeux à somme nulle. Une journée de Bourse ne créerait donc pas de valeur ? Ce serait aller un peu vite en besogne, ne serait-ce que parce que les introductions en bourse, fournissant du capital à des entreprises en pleine croissance modifient quelque peu « le jeu ». Par ailleurs, la mission d’une bourse est justement d’assurer la bonne circulation du stock existant et d’en fixer le prix dans les meilleures conditions de concurrence et de transparence. Le jeu « Bourse » est positif si cet objectif est atteint, les vendeurs et les acheteurs ne pouvant qu’en être satisfaits.
Au fait ! S’il y a des jeux à somme nulle, y-a-t’il des jeux à somme non-nulle ? La réponse est oui, en particulier, il y a des jeux à somme positive, tous les joueurs gagnent. Mais la politique n'est pas un « jeu à somme non-nulle ».