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La République 241
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Leçons du séminaire d'Akouango village

Leçons du séminaire d'Akouango village

Samedi 12 janvier 2019 s'est tenu un séminaire de formation et de réflexion au cap Esterias. Les priorités du développement du Woleu et de la commune d'Oyem, tel était le thème de ces universités. Mais pourrait-on développer le Woleu et la commune d'Oyem sans l'unité de leurs fils?

La problématique de "la population flottante" de la commune d'Oyem: une question toujours en question. 

Cette problématique avait été soulevée par une intervenante avec beaucoup d'humour. Si le sujet a suscité passion et  engouement au sein de l'assistance si on se réfère à l'applaudimètre, c'est bien parce qu'implicitement parce qu'il s'agit d'un problème connu et su de tous et dont on ne veut pas clairement parler au nom d'une hypocrisie mal masquée. 
En réalité, ceux qui militent encore à découvert ou en sourdine pour une nette distinction entre la population autochtone de la ville d'Oyem et les populations venues pour la plupart des cantons du département du Woleu pour s'établir définitivement en ville commettent au moins trois erreurs. Autrement dit, lorsqu’on est chantre du rejet de "la population flottante", consciemment ou non, on commet au moins trois erreurs.


La première est une erreur de posture. Elle consiste à imaginer un Oyem hétérogène. Incroyable! Raisonnons à une échelle plus vaste, de par le monde aujourd'hui, la population  d'aucun pays n'est composée que des originaires de ce pays. On peut le dire ici sans grand risque de se tromper et sans exagérer que tous les pays du monde ont une population cosmopolite ou bigarrée. À une échelle plus petite, imaginer que la population de la petite ville d'Oyem ne devrait être composée que des "autochtones " de cette ville c'est précisément vivre accroché aux chimères. 


La deuxième erreur est sociologique. Si l'ensemble de la population d'Oyem est composé des autochtones et des "populations dites  flottantes", vouloir extirper cette partie intégrante du corps social est une erreur. De toute évidence, cela donne lieu à l'émergence d'un discours de division, de stigmatisation "be tsime" que l'on tente souvent à tort ou à raison de justifier dans le contexte culturel local. Soit! Mais à y regarder de près, le discours fondé sur "be tsime " est plus destructeur que constructif tant il fait naître un sentiment de rejet, de frustration chez le "flottant" tandis que celui qui prononce ce discours s'en auto satisfait en croyant affirmer une supposée domination sur le stigmatisé. Très clairement ici on voit bien  se dessiner la nature des relations engendrées par un discours fondé sur "be tsime": les rapports conflictuels qui sont une menace à long terme pour le vivre ensemble, l'équilibre social. 


La troisième erreur est une déconnexion à l'évolution du temps et de la ville d'Oyem. Le monde et les temps ont évolué, la ville d'Oyem aussi. En réalité, en tant que capitale provinciale du septentrion, la ville d'Oyem devrait être "ouverte " à tous les fils de cette province et même du Gabon. Mais si un Essabedzang de Mboma (Canton Bissok, département du woleu ) est traité de "flottant" à Oyem, que dira-t-on du jeune de Medouneu, Bitam, Mitzic, Minvoul qui voudrait s'établir à Oyem?


En somme, il s'agit d'un discours rétrograde qui a longtemps plombé l'unité des fils et filles du Woleu. Ceux qui font encore l'apologie de ce discours sont en réalité un frein à l'unité et au développement du département du Woleu et les pourfendeurs du vivre ensemble, socle de la paix et de la cohésion sociale sans lesquelles le "Grand Oyem" n'aura pas lieu. Si nous ne travaillons pas à tenir un discours d'inclusion entre tous les fils et filles du Woleu, il est fort à craindre que toutes les théories et brillantes interventions faites à Akouango village samedi dernier ne resteraient que des "flatus vocis" ( des paroles en l'air). Terminons en paraphrasant l'intervenant qui avait eu le courage d'évoquer ce sujet. Mais lorsqu'on dit de quelqu'un qu'il est "flottant", il flotte même où ?  

A bim té !