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La République 241
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Quel avenir pour quelle jeunesse ?

Quel avenir pour quelle jeunesse ?

Une « devise » parcourant les temps. 

Comme une pierre de quartz, il a parcouru les siècles, subi les temps et les circonstances dans toutes les générations sans flétrir. « L’avenir appartient aux jeunes », ce dicton fait partie des plus célèbres, des plus anciens mais aussi les plus partagés par tous.

En effet, les politiques, les media, les hommes de sciences, les philosophes et les hommes de lettres, … l’affirment aussi sans cesse.

La jeunesse, c’est le charme et la vigueur. L’entrain, la plénitude et la détermination la caractérisent. Quand elle veut, même face à tout elle peut tout changer. Elle peut faire fleurir contre vents et marrées « le changement positif ».  Les évènements récents dans le monde le montrent si bien.

 « L’avenir appartient aux jeunes » dit-on !

Malgré sa résistance au temps, nous sommes quand même tentés de nous poser deux questions sur ce dicton dans le contexte mondial actuel :

De quel avenir parle-t-on dans un monde plein d’incertitudes et de crises (spirituelle, morale, éthique,  économique, financière, écologique, …) ?
De quelle jeunesse s’agit-il  quand elle est stigmatisée, considérée comme une question et même souvent comme un problème de société et pour les politiques ?
Quel avenir appartient à quelle jeunesse aujourd’hui ?

Un fort potentiel….

Le Rapport mondial sur la jeunesse 2007 estime qu’environ 1,2 milliards de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent dans le monde aujourd’hui – ils représentent 18% de la population mondiale et « constituent une part essentielle du processus de développement de nos sociétés ». Les 15-24 ans forment 25% de la main d’œuvre mondiale.
Les enfants (5-14 ans) représentent 19,8%. La majorité des jeunes (près de 85%) vivent dans les pays en développement, dont environ 60 % en la seule Asie. La jeunesse d’Afrique constitue environ 14,1% de la population de la jeunesse mondiale. La planète devrait compter en 2025 pas moins de 72 millions de jeunes supplémentaires. La jeune génération actuelle serait donc la plus large que l’Histoire ait connue. A la même date, le nombre de jeunes qui vivent dans les pays en développement atteindra 89,5%.

Malgré son nombre impressionnant, la jeunesse d’aujourd’hui est « la génération la plus éduquée des jeunes de tous temps». En Inde, la proportion de filles inscrites à l’école primaire est passée de 84 à 96% entre 1998 et 2002.

Le taux net de scolarisation pour l’école primaire en Amérique latine est de 95%  – un taux plus élevé que la moyenne mondiale de 85%.
Cette jeunesse  bénéfice plus que toute autre génération du boom technologique de la planète. Les TICs sont omni-présentes dans le quotidien de la jeunesse. Elle s’en sert pour ses études, pour se divertir, pour s’exprimer et même pour changer par moment l’ordre de gouvernance.

Contrairement à la jeunesse d’hier, celle d’aujourd’hui est formée dans des conditions plus adaptées avec des outils et technologies de pointe.

Elle en sait plus sur les opportunités qu’offre la mondialisation. Profitant de la déconstruction des frontières et de la circulation des idées et du savoir d’un continent à un autre et d’un pays à l’autre, la jeunesse mondiale s’unifie et devient unique de jour en jour.

L’avenir appartient-il vraiment à la jeunesse ?

Agir pour les jeunes sans eux…

« L’avenir appartient aux jeunes. C’est à eux qu’il reviendra de gouverner demain » nous dit-on. Cela est dit et redit depuis des siècles. Un meilleur avenir lui est promis par les politiques qui jurent à la veille des échéances électorales de faire d’elle la tour d’ivoire de leur succès politique.

Un avenir meilleur est en construction pour elle. Laisse-t-on croire. « L’avenir vous appartient. Attendez ! Regardez ! Voyez ! Nous le construisons pour vous. Pas nécessaire de vous y impliquer. Peu importe ! Nous avons plus d’expériences. Mieux, nous sommes plus sages et plus aguerris. Vous n’avez pas besoin d’y participer. Restez tranquille ! Croyez en nous parce que nous croyons en vous! Nous savons ce qu’il y a de meilleurs pour vous. Nous nous y attelons au quotidien pour vous ». Tel pourrait se résumé la situation de la jeunesse dans la gouvernance mondiale aujourd’hui.

Ceux à qui appartiendrait l’avenir sont au ban de la gouvernance. Mis en marge de toutes les politiques de développement. Ils sont « exclus du banquet ». Loin de la réflexion. Loin du bien-être. Loin de tout et pourtant tout leur est promis.

Combien de ceux à qui l’avenir appartiendrait sont-ils à l’Assemblée Générale de l’ONU, là où se prennent les décisions et les orientations pour le monde dont ils sont une composante importante?

Combien de jeunes sont désignés par leurs États pour les représenter dans les instances de décisions de l’OIF, de l’UNESCO, de la CEDEAO, de l’UA, de l’UE,… ?

Combien de jeunes avons-nous dans les gouvernements des 193 États Membres actuels de l’ONU ?

Combien de jeunes sont dans les assemblées nationales, là où se votent les lois – socles d'État de droits des nations ?

Combien de jeunes sont désignés dans les institutions nationales et internationales ?

Combien de jeunes, y a t-il par exemple dans le gouvernement de l'État de Côte d'Ivoire avec sa population de plus de 64% de jeunes ?

Combien de jeunes sont-ils nommés dans le gouvernement du Gabon où ces jeunes représentent plus de 70% de la population d'après le recensement général de la population et de l'habitat RGPH de juillet 2012?

Combien de jeunes avons-nous dans nos ministères en charge de la jeunesse dans les États membres de l’ONU, de l’UA ou de l’UE ?

Combien de jeunes y a-t-il dans les institutions travaillant sur les questions de jeunesse, dans nos instituts nationaux de la jeunesse, des programmes ou fonds nationaux de la jeunesse?

Les jeunes sont-ils une population à part entière de la société ou en font partie intégrante ?

S’ils font partie intégrante de la société, pourquoi sont –ils si exclus ou tenus si loin de la gouvernance ? Manquent-ils de compétences ou leur âge est-il un handicap ? Ou encore devront-ils attendre demain et accepter d’être « ignorés » aujourd’hui ?

Le rapport mondial sur la jeunesse de 2005 l’avoue si bien : « Les politiques concernant les jeunes sont trop souvent influencées par les stéréotypes défavorables associés à cette catégorie de la population, notamment la délinquance, la toxicomanie et la violence. La plupart des jeunes ne s’adonnent pourtant pas à de telles activités, et ceux qui le font finissent en général par y renoncer. »

Plus, la jeunesse d’aujourd’hui est capable de plus belles choses qu’on ne le pense. Il suffit de lui faire assez confiance et de lui donner la place qui est la sienne non pas par faveur ou par favoritisme mais par mérite.

Y a-t-il eu une époque où l’on a eu plus de jeunes éduqués que celle d’aujourd’hui ?

Pas si sûr !

L’heure est donc venue et elle est là où la jeunesse doit (re)trouver toute sa place dans la gouvernance mondiale. Le Gabon n'échappe pas à cette réalité. 

L’heure est là où les jeunes d’Afrique, d’Amérique, de l’Océanie, de l’Europe, de l’Asie doivent assumer l’avenir aujourd’hui ! « Parce qu’en fin de compte, c’est vous, la jeunesse du monde qui vivrez, les conséquences des décisions que nous prenons aujourd’hui. Vous avez le droit de faire entendre votre voix. Et nous avons le devoir de vous écouter. » Koïchiro Matsuura (Ex. DG de l’UNESCO, 1999-2009)

L’avenir appartient à la jeunesse ! Et alors ?

Il est maintenant grand temps que la jeunesse fasse entendre sa voix hors des clivages politiques ou religieux – pacifiquement- pour réclamer de la manière la plus démocratique sa place dans la gouvernance mondiale. C'est le sens à donner ce que j'appelle "le renouveau générationnel".

L’avenir, nous appartient ! C’est aujourd’hui, qu’il faut donc le préparer !

Comme le recommande le rapport mondial sur la jeunesse de 2005, « Les jeunes devraient plutôt être considérés comme des partenaires essentiels pour la construction de la société du futur ».

Alors, Et si on exigeait, nous aussi, la loi sur le quota des jeunes pour la représentativité dans les institutions ?

Et si on réclamait le quota de 20%  dans toutes les instances de décisions:

20% dans les institutions nationales et internationales

20% dans les instances de gouvernance…

Jeunesse du monde entier… tout dépend en partie de nous ! Soit, notre mise à l’écart davantage. Soit notre grande implication. 
Quel avenir pour quelle jeunesse?